lundi 30 octobre 2017

Climat social explosif à la Centrale (La Provence)



Depuis mercredi, c'est à nouveau grève : six salariés et la CGT sont assignés devant la justice pour avoir bloqué le site

Décidément, entre les salariés et la direction d'Uniper, le courant ne passe pas. Six salariés et la CGT sont assignés en référé devant le TGI d'Aix-en-Provence pour avoir, le 12 septembre et le 19 octobre, précise la direction, bloqué le site et empêché les salariés de faire leur travail. Des condamnations pécuniaires sont réclamées. Selon Nicolas Casoni, secrétaire général CGT qui est allé chercher chez l'huissier son assignation mercredi soir, "on nous reproche des mouvements dont certains remontent à 2013. La direction cherche à nous faire porter le chapeau de son incompétence". En l'occurrence, le retard calamiteux - deux ans - de la conversion de la tranche 4 charbon en biomasse qui est en phase de "qualification finale".

"Un épisode qui demande beaucoup de sérénité, précise Jérôme Dupont, directeur de la Transition et des ressources humaines d'Uniper France. Nous en sommes aux derniers ajustements techniques, ce qui demande de tourner sur la durée. Or, depuis septembre, nous subissons une recrudescence d'agitation sociale avec plusieurs grèves et blocages de site qui portent atteinte à la liberté du travail. Ceci pour des revendications d'ordre national bien loin de l'entreprise. Mais aussi dans un contexte d'élections professionnelles : celles de juin ont été annulées".

La décision du tribunal est tombée début septembre et depuis, les salariés n'ont plus de syndicats élus avant un autre scrutin. En cause, des irrégularités lors du vote électronique.

Nicolas Casoni en a vu d'autres : après la grève pour le maintien de l'emploi en 2014 après la reprise d'Indesa par Uniper, les menaces de licenciement à son encontre et sur un autre représentant CGT, l'élection annulée, c'est une première. "Le coup a été porté par la CFTC qui n'a aucune représentativité à Gardanne".

Au-delà, le syndicat dénonce les incertitudes liées à l'avenir de la centrale et l'arrêt programmé de la production au charbon (voir ci-contre) : "Les mesures d'accompagnement dont bénéficiera Uniper, ce seront les lettres de licenciement que nous recevrons. Si la conversion à la biomasse a pris tant de retard, c'est du fait de l'incompétence de la direction dans ses choix techniques, pas pour les journées de grève. On a besoin de travailler avec des experts sur un projet global industriel qui garantisse l'avenir du site. L'énergie est la clef de voûte : on ne va pas accueillir demain sur nos territoires de nouvelles entreprises qui seront alimentées au moyen de panneaux solaires".

Jérôme Dupont affirme que "l'entreprise a démontré sa volonté de conversion à la biomasse : on y a investi 300 M€ (50 de plus que prévu). C'est un enjeu à la fois technologique et en termes d'emploi régional avec la filière bois qui se structure, à l'instar du contrat que nous venons de signer pour le bois brûlé par les incendies. Pour qu'elle démarre, il faut une sérénité que nous n'arrivons pas à obtenir à cause d'agissements contraires à la loi."

Le coup des assignations a fait encore monter la pression : une grève est observée sur certains postes de travail depuis mercredi. La CGT la promet jusqu'à l'audience, le 7 novembre. Voire au-delà, selon...

Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique, annonçait le 6 juillet l'arrêt de la production de l'électricité au charbon. Quatre sites sont concernés en France, trois relevant d'EDF, l'autre d'Uniper à Gardanne. Le gouvernement doit accompagner cette transition sur les territoires concernés. "Cela nous fait stopper notre production en 2022, soit six ans plus tôt que prévu, développe Jérôme Dupont. Le gouvernement s'est positionné sur les objectifs, mais pas sur le comment on va gérer le contrat de transition écologique. On demande que cette fin du charbon qui met en péril l'entreprise en touchant la moitié de son parc de production s'accompagne d'une concertation sur sa mise en oeuvre. Il faut trouver des solutions aussi bien sur le plan social qu'industriel. Nous ne savons rien pour le moment des CTE qui sortiront d'ici décembre."

L'autorisation d'exploitation de la tranche 4 en biomasse a été remise en cause par le tribunal administratif de Marseille le 8 juin. État et direction ont fait appel. Le préfet a arrêté dans la foulée une autorisation d'exploitation provisoire jusqu'à ce qu'Uniper produise une nouvelle analyse de sa politique d'approvisionnement des 855 000 tonnes annuelles nécessaires au fonctionnement, sa provenance, son impact sur la forêt méditerranéenne ; ainsi que son incidence sur la pollution atmosphérique. Le tribunal administratif avait appuyé sa décision sur l'insuffisance de l'étude d'impact en la matière. Nonobstant l'appel interjeté, Uniper travaille actuellement sur une nouvelle étude qu'elle doit livrer d'ici mars 2018.

Carole Barletta, La Provence du 27.10.2017

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