mardi 23 janvier 2018

Gardanne : un contrat pour la fin du charbon ? (La Provence)

Centrale de Gardanne
Centrale de Gardanne


Le député Lambert appuie la mise en oeuvre d'un contrat de transition écologique sur le bassin minier. La CGT menace de réquisitionner la centrale thermique

Nicolas Hulot annonçait cet été l'arrêt de la production de l'électricité au charbon. Cinq unités sur quatre sites sont concernées en France, relevant d'EDF et d'Uniper. À Gardanne, on doit stopper la production en 2022, six ans plus tôt que le calendrier initial. Les CTE doivent accompagner cette mutation
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Le premier contrat de transition écologique (CTE) du gouvernement a été signé à Arras ; la Corrèze devrait suivre ainsi que d'autres territoires pilotes tout au long de l'année. Le bassin minier de Gardanne pourrait être de ceux-là. Car le CTE est le nouvel outil que l'État entend conclure avec des territoires pour mobiliser moyens humains et financiers afin d'accompagner la conversion du tissu économique local autour de projets durables et concrets.

La Corrèze est ainsi ciblée pour les démarches engagées par ses agriculteurs. Gardanne le sera aussi mécaniquement puisque les CTE concerneront les quatre sites en France impactés par la fermeture, annoncée pour 2022, des centrales à charbon. Pour le coup, il s'agira aussi de s'intéresser à une dimension sociale qui n'est pas mince...

Arrêter toute production d'électricité à base de charbon

Mardi, François-Michel Lambert, député de la 10e circonscription (UDE-LREM), a interrogé dans l'hémicycle le secrétaire d'État à la Transition écologique et solidaire, Sébastien Lecornu, sur la nécessité de mettre en place un CTE pour le bassin minier de Provence. "Je soutiens le choix douloureux et difficile d'arrêter toute production d'électricité à base de charbon, car c'est un message important pour peser sur l'Allemagne et la Pologne afin de les emmener à en sortir. Mais il est indispensable d'accompagner les territoires impactés." Sébastien Lecornu a confirmé cette volonté qui permettra "une mobilisation des services de l'État pour renforcer le soutien aux collectivités, par des moyens financiers pour aider le développement de projets innovants et durables".

"D'ici à mars, nous devrions avoir considérablement avancé, nous confie FML. Les méthodes de travail auront été définies, le périmètre arrêté. Dès cet automne, j'avais remis une note au gouvernement pour justifier cette mise en place d'un contrat de transition écologique. Le président de Région Renaud Muselier, et la présidente du Département Martine Vassal, de nombreux élus locaux, sont prêts à foncer et l'engagement de tous les acteurs du territoire est primordial pour enclencher le processus d'une mutation créatrice de richesses et d'emplois." Peut-être un tantinet moins réactif selon le député de Gardanne, le président de la Métropole devrait suivre.

La CGT réclame une table ronde

Pas sûr en revanche que les principaux intéressés, les salariés de la centrale thermique de Gardanne, s'y associent. Vous avez dit fermeture des centrales au charbon ? Ils répondent réquisition de l'usine dans sa totalité. Depuis plusieurs mois, des arrêts de travail impactent régulièrement la centrale, la CGT réclamant vainement une table ronde avec la direction. Aussi bien sur des revendications locales, que pour anticiper l'avenir.

"Le député Lambert, la députée Petel d'En Marche qui devra nous expliquer comment le territoire peut accueillir des entreprises s'il n'y a pas d'énergie pour les faire fonctionner, le représentant marseillais de la France insoumise qui est aussi pour l'arrêt du charbon, tous, nous allons les rencontrer, témoignent Nicolas Casoni, secrétaire général de la CGT et Nadir Hadjali, secrétaire adjoint. Pour connaître leur vision énergétique d'une France sans charbon. Mais aussi, parce qu'on veut savoir qu'est-ce qu'il y aura dans ce cahier des charges des CTE. Si la transition écologique, ce n'est pas juste recycler les salariés en pizzaïolo ou serveur ; auquel cas, c'est un plan social."

Par téléphone interposé, le député Lambert répond : "Bien sûr, les syndicats, les salariés seront présents dans l'élaboration du CTE du bassin minier. Je l'ai gravé dans ma note au gouvernement : le savoir-faire de ce territoire est porté par l'expertise et la culture très ancienne de ses salariés qui travaillent dans l'énergie."

Y'a plus qu'à...

Contrat de transition écologique : késako ?

 Les contrats de transition écologique associent les collectivités locales et les entreprises d'un territoire ; ils seront conclus au niveau des établissements publics de coopération intercommunale avec possibilité pour les Régions ou Départements de s'y joindre. Ils engagent une conversion du tissu économique local autour de projets durables et concrets. Les territoires qui font le choix de s'engager dans cette démarche anticipent les mutations économiques et parient sur le développement de l'économie décarbonée pour créer des emplois. Ces contrats seront confectionnés "sur mesure" selon les situations locales. C'est une nouvelle forme de relation que l'État va expérimenter avec les collectivités, une démarche qui repose sur un contrat fondé sur un échange de droits et de devoirs. Les partenaires s'accordent sur des objectifs à atteindre, des résultats quantifiables, de façon pluriannuelle. Le secrétaire d'État a assuré qu'il appartiendra à l'État de déterminer les crédits à mobiliser pour alimenter ces CTE selon une logique de guichet unique.

Carole Barletta, La Provence, le 19.01.2018

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